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Marion Maréchal a inauguré hier à Paris la soirée de lancement d’une association prônant l’union des droites devant un parterre d’invités hétéroclites rassemblés pour écouter la potentielle égérie d’une droite néo-conservatrice. Une intervention doctrinale au cours de laquelle elle a laissé s’échapper quelques saillies contre la politique d’Emmanuel Macron, appelant à la construction d’une «droite qui posera des limites à une société sans limite».
Lundi soir, Marion Maréchal, directrice de l’institut de sciences sociales, économiques et politiques (ISSEP) à Lyon, était l’invitée d’honneur de la soirée de lancement du cercle Audace dans un établissement du 2ème arrondissement à Paris.
La salle de réception est comble, les invités sont triés sur le volet. Sur l’estrade, François de Voyer, président du nouveau cercle Audace, prend la parole vers 19h30 devant près de deux cents invités à qui il présente rapidement les objectifs du Cercle Audace avant d’inviter les membres de son conseil d’administration à se présenter.
L’impatience du public d’écouter l’invitée d’honneur de cette soirée transpire dans les propos de François de Voyer qui se hâte, tout comme le font les membres actifs de cette nouvelle association, en n’abusant pas de leur temps de parole.
Les Droites françaises répondent présent
En face d’eux, un public de Droite venu de tous horizons. La perspective de construire l’union des droites françaises pour conquérir le pouvoir et «donner un cap» à la France a attiré des responsables politiques de nombreux partis. Les Républicains, Debout la France (DLF), Parti Chrétien Démocrate de Jean-Frédéric Poisson, membres du rassemblement national étaient présents dans la salle. Des chefs d’entreprise, des avocats, des intellectuels et plusieurs élus de tous bords sont également venus participer à cette soirée de lancement du Cercle Audace, ancien réseau des jeunes entrepreneurs lancé par Thibaut Monnier, qui évolue pour devenir l’incubateur intellectuel et politique d’une union des droites qui semble cependant, pour l’heure, n’être qu’une chimère.
Marion Maréchal entre sur scène. Pas d’ovation, mais des applaudissements énergiques, une impatience palpable et une attention soutenue que les mentons figés et les regards fixes des invités viennent trahir. Marion Maréchal prévient son auditoire. Elle ne prononcera pas un discours, mais bien une intervention qui s’avérera être une analyse des clivages politiques qui marquent la France et l’Europe et dans lequel le conservatisme français, qu’elle appelle à renaître de ses cendres, devra trouver sa place.
Loin de l’ambiance militante et protestataire des rassemblements politiques auxquelles l’ancienne députée du Vaucluse est rompue, c’est devant un public averti à la chose politique qu’elle est venue présenter sa vision des clivages entre le progressisme, représenté par Macron, et le populisme auquel il prétend s’opposer, démontrant que ce clivage est une construction artificielle à des fins politiciennes et que, si l’on peut admettre un effondrement du clivage Droite/ Gauche en tant qu’appartenance à des partis politiques, les oppositions idéologiques demeurent.
« Je suis de droite souverainiste »
Marion Maréchal affirme son appartenance à une droite souverainiste, conservatrice, convoquant tour à tour les idées de Montesquieu, Benjamin Constant, Joseph de Maistre, Alexis de Tocqueville, Chateaubriand pour étayer sa démonstration. Elle est convaincue que « si l’on veut réunir à droite, il sera difficile de le faire autour de valeur doctrinales, autour d’un programme politique » qu’elle considère comme des contenants sans véritable contenu. Elle s’interroge : « au service de quelle vision de la société met-on ces contenants ? Et pour quels contenus ? », estimant que, pour voir le jour, l’union des droites doit dépasser les clivages programmatiques et doctrinaux, en faire la synthèse « pour avancer efficacement ».
Marion Maréchal est revenue sur les trois grands clivages qu’elle a identifiés. Le clivage populisme contre mondialiste, celui qui est le plus médiatisé, le clivage progressisme contre conservatisme puis le clivage classique droite/gauche.
Selon cette oratrice aussi contestée que talentueuse, le clivage populisme contre conservatisme oppose la vision d’un populisme «anti-système», dont la voix est la plus souvent portée par un leader charismatique, que ses adversaires mondialistes majoritairement composés du triumvirat «dirigeants politiques – chefs des grandes entreprise – grand médias», décrédibilisent en le réduisant à la démagogie, à l’incompétence. Ce clivage atteint rapidement ses limites car « il ne peut pas y avoir de victoire efficace si le discours parle exclusivement aux classes populaires». «Il n y a de victoire et de gouvernement possible que si nous travaillons sur un mode de pouvoir qui parle aux classes populaires mais aussi aux classes moyennes et a la bourgeoisie» poursuit-elle, prenant comme illustration la réussite de la liga de Matteo Salvini qui, en Italie, a élargi l’appui exclusif des classes populaires en parlant également aux TPE-PME qui lui ont offert leur soutien.
« Macron reprend une sémantique du Vieux Monde dans ses habits de la modernité »
Le second clivage, selon la théorie avancée par l’invitée d’honneur de cette soirée, enferme le conservatisme dans un piège fabriqué par l’adversaire politique et dont il semble difficile de s’extraire. Le conservatisme est un terme devenu abscons en France depuis la fin de la troisième république et son acception est souvent incomprise par nos contemporains, confondue avec le conservatisme anglo-saxon.
A ce conservatisme «flou», défenseur des valeurs vernaculaires, familiales, d’héritage, Emmanuel Macron oppose un progressisme pour qui « l’héritage n’est pas considéré comme des lunettes pour mieux voir le Monde , mais comme des oeillères ». Si Marion Maréchal déroule sans difficulté un discours académique teinté de références doctrinales, elle ne rechigne pas à faire parler l’animal politique qu’elle a décidé de plonger dans un sommeil léger : «Macron n’est pas l’extraordinaire président stratège qu’il prétend incarner. Il a voulu imposer ce clivage en sa faveur mais il ne sera pas forcément perçu, à terme, à son bénéfice». Et d’ajouter, placide, que lorsque qu’il invoque le progressisme pour l’opposer au conservatisme, il « reprend une sémantique du Vieux monde dans ses habits de la modernité». Selon elle, les dérives du progressisme « contractualisent tellement la famille qu’elles permettent la marchandisation de la filiation », regrettant que pour ce mode de pensée, « l’émancipation passe nécessairement par la dénonciation de ses origines sociales, familiales et culturelles»
« Le conservatisme est moins une doctrine politique qu’un état d’esprit »
Marion Maréchal constate que si face au progressisme, il y a le conservatisme, ce dernier « est moins une doctrine politique qu’un état d’esprit». Elle précise: « c’est une disposition à penser, à agir d’une certaine manière», faisant le constat lucide qu’en ce particularisme réside sa force et sa faiblesse car «il fait face à une idéologie bien construite à laquelle il oppose une vision du monde, une façon de penser, l’idée que le passé est plus inoffensif que le futur». Selon elle, le terme conservatisme est piégeux car il renvoie l’image d’un mouvement mort en France depuis plus d’un siècle, répondant à des exigences sociétales sur lesquelles il ne s’agit plus de revenir. Marion Maréchal appelle de ses vœux la naissance d’un néo-conservatisme qui puisera dans l’héritage du conservatisme français .
« La notion de clivage Droite/Gauche est peut-être usée, mais les oppositions idéologiques qui en émanent perdurent »
« Il existe toujours, aujourd’hui, des droites qui peuvent sembler irréconciliables, mais je suis assez optimiste quand j’observe le rétrécissement de tous les clivages idéologiques.» Marion Maréchal évoque ainsi le constat partagé, à droite comme à gauche après la crise financière et économique de 2008, sur les limites à poser aux excès du libéralisme, au fait que «l’économique ne peut pas tout réguler» et qu’il est nécessaire de «réinvestir le champ politique».
Elle considère que la conjoncture sociale participe à ce rétrécissement, arguant que «la menace culturelle, sécuritaire, migratoire, pousse la droite vers la terre, vers le peuple». Selon elle, la crise que nous vivons ne vient pas seulement de la société, des systèmes, des process, mais aussi et surtout de l’Homme. « Nous sommes passés en quelques décennies d’une société millénaire rurale, de propriétaires terriens, d’indépendants, d’un noyau familial fort, des métiers, à une société d’urbains, de déracinés, de locataires, de salariés, d’interventionnisme de l’État dans les affaires individuelles et familiales», concluant que «tout ceci crée un malaise anthropologique important auquel le conservatisme devra répondre en retrouvant cette «capacité d’autonomie, de construction, de transmission et donc de sens.»
«Une droite qui posera des limites à une société sans limite»
Marion maréchal prévient: «Il ne faut pas s’enfermer dans les segmentations passées. Le paradoxe français voit s’animer en nous deux sentiments contradictoires: la patrie charnelle et la patrie abstraite». La priorité est de renoncer au relativisme ambiant «notre société est devenue tellement relativiste qu’elle refuse de dire le bien et le mal sur son propre territoire, préférant porter son jugement à l’aune des codes culturels de celui qui commet un méfait», faisant référence à l’acquittement d’un migrant dans une affaire de viol, le juge ayant estimé qu’il n’avait «pas les codes culturels» pour comprendre que ce qu’il faisait était mal.
Elle propose que ce mouvement néo-conservateur pose ses limites: frontières territoriales, frontières entre le citoyen et l’étranger, «car il y a une distinction à faire, sinon la citoyenneté n’a plus de sens par nature». Marion Maréchal veut «mettre fin à la tyrannie des droits des communautés en fonction des origines», regrettant que «des lobbies ultra-minoritaire arrivent à imposer leurs desiderata à la majorité au motif de souffrance, parfois bien réelles» mais qui aboutissent à la création de nouvelles iniquités. «La marchandisation de la femme, de l’enfant, c’est ignoble, c’est abominable».
« La fraternité ne se décrète pas, elle se ressent »
Pour parvenir à davantage de fraternité, le mondialisme, qui favorise les communautarismes, n’est pas une option: «la fraternité ne se décrète pas, elle se ressent. Elle nécessite une véritable cohésion sociale, un socle commun » que le progressisme fait disparaître au profit du communautarisme. « La souveraineté doit s’adapter dans ce cadre, y compris au niveau européen », pour lequel elle préfère la mise en place de coopérations poussées à l’abandon progressif et irréversible de la souveraineté de peuples.
Il est 20h30. Marion Maréchal vient de terminer son intervention sous les applaudissements nourris d’un public acquis à sa cause. Son appel a été entendu et acte, peut-être, la naissance d’un néo-conservatisme français capable d’unir les droites autour d’un socle de valeurs et d’idées communes.
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Excellent, je lui souhaite tout le succès de réussir l’unité.
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marion maréchal pour 2022 !