Du front républicain à l’union des droites

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Face à un parti et un Président incarnant une post-démocratie libérale-libertaire, le pays est profondément désenchanté. La classe politique ne le représente plus, et malgré les échecs qu’il accumule déjà, Macron pourrait bien être réélu. Réinventer la politique, redonner goût à la démocratie est indispensable au pays. Refonder la droite l’est tout autant à la victoire de nos idées.
Dissipons tout de suite un malentendu : le front républicain du présent titre n’a rien à voir avec le front « ripoublicain » précédent. Ce terme de front « ripoublicain », violent sans doute, n’en reste pas moins justifié à nos yeux : l’élection d’Emmanuel Macron est l’une des conséquences du déni de démocratie qu’a été l’entente de la gauche et de la droite dites « de gouvernement » pour interdire toute forme de véritable alternance politique. Par « partis de gouvernement, nous entendons bien sûr le Parti socialiste et Les républicains, issus de l’UMP.
Bien sûr, l’élection de Macron a de multiples ressorts qu’il convient d’examiner avant d’évoquer ce que j’appelle le front républicain, le vrai, puis l’union des droites. La plupart des facteurs qui ont permis à l’ancien banquier et ministre de l’Économie d’accéder à l’Élysée prennent leur source dans le même sentiment, la même idée : une certaine lassitude, un « à-quoi-bon-isme », une certaine défiance vis-à-vis de la politique. Bref un désintérêt manifeste pour ce qui se passe dans la Cité, celle enseignée par nos pères philosophes grecs.
Nous avons depuis longtemps été conduits à nous éloigner de la chose publique. Plus précisément depuis une trentaine d’années, depuis qu’il est devenu manifeste que la construction européenne se faisait par le mensonge, la dissimulation et la volonté de laisser les peuples à l’écart. Cette Europe vendue comme un « grand marché protecteur de 500 millions de consommateurs » s’est révélée être un marché ouvert à tous les vents et à la concurrence déloyale. Cette Europe, dont la gouvernance des États membres devait être régie par le principe de « subsidiarité », s’est révélée invasive et intrusive sur tous les plans, juridique, commercial, philosophique.
Or, cette curieuse Europe s’est construite hors les peuples, conformément à l’idée de ses pères, Jean Monnet et Robert Schuman, convaincus que seule une oligarchie serait efficace et que les peuples étaient trop ignorants pour savoir ce qui était bon pour eux.
Cet immense chantier, construit cahin-caha au fil des convictions et des certitudes de nos dirigeants successifs, a avancé sans le peuple, au point qu’ayant voté « Non » à la Constitution pour l’Europe en 2005, elle lui sera imposée par une autre voie quelques années plus tard. Un coup de force qui n’aura guère ému : si nos dirigeants y tiennent tant, c’est que cela doit être bel et bon… Et puis, comme dit l’autre, ça ne mange pas de pain… Les électeurs découvrent aujourd’hui la réalité de cette Europe, sans frontières intérieures, dont les membres sont en concurrence sociale, fiscale et économique et dont les frontières extérieures sont des passoires. 
Au-delà des désillusions qu’a suscitées cette belle idée européenne dévoyée, les électeurs ont vécu et intériorisé une certaine mise à distance de leurs opinions. Ils s’y sont résignés en constatant que gauche et droite européennes avaient les mêmes ambitions : une économie libérale et mondialisée.
L’immigration est un autre sujet qui a fait l’objet d’un large consensus entre la gauche et la droite sur la nécessité de tenir le peuple à l’écart. En France et dans toute l’Europe, des quartiers, des villes, ont changé de population en l’espace de 40 ans avec l’arrivée d’une immigration extra-européenne, majoritairement de confession musulmane. 
Là encore, au-delà de la montée de l’insécurité et de l’appauvrissement, du changement de culture, de la perte du sentiment d’appartenance, les citoyens ont constaté que ce « Grand remplacement » s’était réalisé avec l’accord de la gauche et de la droite, mais pas le leur. Et ils se sont convaincus qu’après tout, si c’était comme ça, c’est qu’il ne pouvait en être autrement. L’« à-quoi-bon-isme » s’est installé dans les têtes.
La dernière touche, et j’en reviens à mes premières lignes, la touche finale de nos deux partis de gauche et droite, sera leur concept de « front républicain ». Un front « ripoublicain » en réalité, où chaque courant a sacrifié à l’autre une partie de son âme : la gauche se ralliera au libéralisme et au mondialisme, la droite balancera par-dessus le bord la nation et le régalien. Ainsi prennent-ils alternativement le pouvoir en se désistant l’un pour l’autre, mais en s’accordant sur ce plus petit commun dénominateur : l’individu libéral-libertaire. C’est l’électeur UMPS qui se rallie à cette idée que, finalement, ces deux courants disent presque la même chose et partagent les mêmes solutions.
Cette stratégie cynique du front « ripoublicain » fonctionnera deux décennies, tout en détruisant progressivement le débat d’idées, anémiant la confiance dans le politique et dévitalisant la démocratie.
L’arrivée surprise d’un Macron au pouvoir est le résultat de ce délitement du tissu démocratique. Il est le fruit de cette idée que le peuple doit être tenu à distance, car il est imprévisible et dangereux. Pour le dire crûment, il est le fruit de l’union incestueuse de la gauche et la droite dans cette alliance contre nature du front « ripoublicain ».
Le système a accouché du meilleur des siens : Macron est la quintessence du libéral-libertaire mondialiste. La nation a vécu, elle doit disparaître. Il n’y a de santé qu’économique et la hausse d’un point du PIB a plus d’importance que celle des chiffres de la criminalité. Le bonheur est dans l’acte d’achat et de consommer, pas dans celui de transmettre un patrimoine culturel, historique, linguistique, religieux, philosophique de bien plus de deux mille ans.
Le seul problème est que Macron échouera comme ses prédécesseurs et pour les mêmes raisons : les manettes de l’économie ne sont plus à l’Élysée. Pas plus que Sarkozy ou Hollande, il n’arrivera à réindustrialiser la France d’un seul iota. Et le nerf de la relance économique, c’est la réindustrialisation. Mais c’est un autre sujet.
Quoi qu’il en soit, Macron va donc échouer sur son cœur de cible. Il va échouer sur le régalien, le cadet de ses soucis, comme ses prédécesseurs. Mais c’est un domaine qu’il ne prend pas véritablement au sérieux. Comme il l’a dit sans ambages dans sa campagne : « Je ne vais pas inventer en une nuit une solution pour lutter contre le terrorisme ». Circulez, il n’y a rien à voir…
Enfin, Emmanuel Macron a déjà échoué sur les Valeurs. Celui qui prônait une « démocratie exemplaire » va supporter jusqu’à la fin de son quinquennat les affaires de ses différents ministres, celle son secrétaire général qui s’annonce et la sienne. La sienne, c’est l’affaire de ses nervis, où on découvre qu’un parti politique stocke des Glock, que des individus détiennent et portent illégalement des armes, disposent de moyens exorbitants et agissent au mépris du droit le plus élémentaire tout en étant couverts par le mensonge au plus haut niveau de l’État. Cette affaire, dite Benalla, en réalité affaire Macron, nous renvoie à des heures sombres, quarante-cinq ans en arrière, l’époque du SAC (de corde, comme disait Le canard enchaîné, jamais avare d’un bon mot). 
Cette catastrophe, dans laquelle le Parti socialiste et Les républicains portent une lourde responsabilité, et dont la présidence d’Emmanuel Macron n’est que l’ultime avatar, l’échec annoncé de ce dernier, tout cela n’indique pour autant pas que l’actuel Président n’a aucune chance d’être réélu. 
En effet, l’habileté politicienne a son importance, comme François Mitterrand l’a démontré. De plus, la peur et la frilosité d’un électorat qui s’est dessaisi de sa citoyenneté au fil des décennies et la puissance du système à se maintenir en place sont des réalités fortes. La campagne de Macron a bénéficié d’un insolent soutien des médias, jusqu’au « check » indécent que lui fait une journaliste connue avant son meeting d’Arras. On a découvert depuis que des entreprises avaient soutenu sa campagne sous forme de ristournes. Et le quinquennat n’est qu’à son début…
La restauration de la démocratie, l’appétence pour la chose publique, la confiance dans le politique sont autant de défis que doivent relever les partis démocratiques de « l’Ancien Monde » pour éliminer En Marche, parti post-démocratique du « Nouveau Monde », celui du Président de la « start-up nation ».
Ces défis ne seront pas relevés si les partis démocratiques que sont Les républicains, La France insoumise et le Rassemblement national ne s’acceptent pas comme interlocuteurs respectables du débat démocratique. Cette nouvelle approche de respect mutuel pour un débat d’idées clair et sans faux-semblant doit fonder un vrai front républicain, qui donnera à l’Assemblée nationale toute la place qu’elle doit prendre dans un monde moderne. 
En effet, nos institutions ont été fondées par un homme d’État et pour des hommes d’État ; il n’y en a plus. Elles ont été fondées pour de véritables Présidents de la République ; ils ne président plus grand-chose, comme l’a annoncé Mitterrand : « Je suis le dernier Président. Après moi, il n’y aura que des financiers et des comptables. »
La démocratie ne peut être rénovée avec un système électoral majoritaire qui donne tous les pouvoirs à une majorité artificielle. S’accrocher à cette lubie, c’est entretenir la confusion et la désillusion. Or, le parti Les républicains, qui a balancé par-dessus bord tout l’héritage gaullien, s’accroche à ce mode de scrutin : le fameux héritage gaullien revendiqué là a bon dos ; c’est un cache-sexe qui masque mal l’espoir vain de retrouver le faste d’antan.

Tout ceci appartient au passé.

Les trois partis démocratiques doivent se résoudre à cette confrontation à la loyale, dans l’enceinte parlementaire et à proportion de ce que chacun représente comme électorat. C’est par l’instauration de la proportionnelle intégrale que les français retrouveront le chemin des urnes. La démocratie a besoin de respirer. Elle est asphyxiée. 

L’union des droites.

Elle est souhaitable. Hitlériser le Rassemblement national ne trompe plus personne : Marine Le Pen éreintée, nazifiée par les médias et malhabile dans sa confrontation avec le candidat En Marche a engrangé trois millions de voix supplémentaires entre les deux tours et obtenu 34% des suffrages exprimés !
Un score historique sur lequel Laurent Wauquiez ne fera pas main basse. Sarkozy l’a fait une fois et les électeurs se souviennent de son bilan en matière de régalien : nul.
Le Rassemblement national est politiquement aujourd’hui ce que les anciens ont connu, le RPR, qui n’était pas (trop) traité de fasciste. Qu’une fédération de droite pactise avec ce parti nationaliste et souverainiste est donc souhaitable. Le débat serein entre ces deux droites est possible si Les Républicains reconnaissent au Rassemblement national son rôle historique de lanceur d’alerte, de sentinelle sociale sur tous les thèmes régaliens, défense nationale, sécurité intérieure, justice et administration pénitentiaire. 
On aurait ainsi deux grands courants qui retrouveraient leurs marques historiques, un courant de droite décrit ci-dessus et un courant de gauche mené par France insoumise à laquelle il faut bien reconnaître la constance d’être restée fidèle, à ses idéaux, elle.
Vaste programme, pour reprendre la formule de Gaulle à Londres surprenant ses amis lancer un « Mort aux cons ». Oui, pourquoi pas aussi…
Frédéric Zagli

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aurora.info

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