Santiago Abascal: « Vox, un parti d’une extrême-nécessité, mais pas d’extrême-droite »

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À 42 ans, Santiago Abascal, ancien du Parti populaire au Pays basque, dirige le parti anti-immigration Vox. Sa formation a bousculé l’échiquier politique espagnol en faisant son entrée au Parlement régional d’Andalousie à l’occasion d’élections anticipées de novembre. Notre correpondant Adoxa Espagne avait assisté à l’un de ses derniers meeting en Andalousir, fin octobre. 

Incontestablement, le succès de la venue à Valencia de Santiago Abascal, le Président du nouveau parti identitaire espagnol VOX, en a surpris plus d’un. 1500 places étaient prévues mais nombreux ont été ceux qui ont dû écouter le discours du charismatique Abascal en dehors de la salle ou repartir chez eux un peu dépités. Les médias nationaux, presse et télévisions, étaient au rendez-vous ! Visiblement, Abascal fascine ou inquiète. En tous cas son poids politique en Espagne est devenu en 4 ans considérable.

Comme partout en Europe, c’est un parti de la nouvelle droite conservatrice qui émerge. L’Espagne malgré ses réticences historiques à ce genre de partis depuis la mort de Franco, se sent attirée par ce nouveau parti qui parle vrai et qui a encore les mains blanches. Il faut dire que les partis traditionnels de droite (Partido Popular PP) et de gauche (Parti socialiste ouvrier espagnol PSOE) lui ont fait la courte échelle. Ils croulent sous les affaires de corruption. Le monde politique traditionnel n’a plus la côte comme dans la majorité des pays de l’UE et cela commence à se voir dans les sondages.

Fondé en 2014, VOX se réclame de 30.000 cotisants et de 60.000 sympathisants. Dans les derniers sondages, il est crédité de 6% d’intention de vote. En trois ans et demi, c’est beaucoup. Et cela commence à en agacer certains. Ainsi, la permanence de VOX à Valencia, qui serait selon Abascal la tête de pont de son parti, a été attaquée et taguée lourdement avec bien sûr les signes du nazisme. C’est bien connu, lorsqu’on n’est pas de gauche, on est forcément nazi.  VOX se prêtant un parti de rassemblemen, une sorte de LREM bien positionné à droite, sans excès affiché. D’ailleurs Abascal réfute le nom le qualificatif d’extrême-droite quand on évoque la ligne de son parti. Il préfère expliquer que son parti est d’extrême nécessité.

Vox, un parti d’une extrême-nécessité, mais pas d’extrême-droite

VOX fait peur, parce qu’avec les casseroles que trainent les autres partis, ils vont commencer à investir les grandes villes comme Madrid, Valence ou Alicante. L’échelon municipal sera la première marche de leur volonté d’accéder au pouvoir.

VOX se veut vraiment ancré dans l’Espagne, mais accepte les diversités linguistiques du pays étant lui-même d’origine basque. Il aura quand même du mal à pénétrer la mairie de Barcelone, tout comme Valls arrivant dernier dans les intentions de vote. En effet, ce parti enrage du « coup d’état » intervenu en Catalogne et promet d’y mettre fin en cas d’arrivée au pouvoir.

Clairement, ce parti flatte un certain électorat : classes moyennes ou supérieures aisées, police, armée, pompiers mais fait tout pour s’attirer des voix populaires. Clairement aussi, comme tous ces nouveaux partis qui ont bouleversé la donne en Europe, c’est un mouvement anti immigrants. Comme pour d’autres pays de l’UE il dénonce l’aide apportée aux immigrés qui viennent commettre des crimes que les médias et le gouvernement préfèrent taire.

Cette façon de penser fait consensus en Espagne. Le Président du gouvernement, ex-chef du PSOE par défaut, préfère regarder ses chaussures quand on lui parle des immigrants qui déferlent sur les côtes Andalouses devant des vacanciers médusés. Et oui, c’est souvent difficile de faire cohabiter doctrine et pragmatisme.

Abascal y croit ! Son parti va changer l’équilibre politique espagnol ronronnant. Il y a bien eu l’émergence de Podemos dont tout le monde sait maintenant que l’émergence a été financée par le dictateur de gauche Chavez pour semer le désordre en Espagne. Souvenons-nous de la colère du roi Juan Carlos s’adressant à Chavez lors du 17e sommet ibéro-américain en novembre 2007 à Santiago du Chili : « Pourquoi tu ne te tais pas » ?. Le roi savait sans doute ce qu’il préparait avec Podemos. Abascal est sans aucun doute un tribun. Quand il monte à la tribune, il annonce d’entrée la couleur : «Vous êtes venus offrir de nouvelles gloires à l’Espagne».

En plus, il a le sens de la formule. Pour la Catalogne, il parle de « la cinquième colonne du pancatalanisme ». La phrase fait mouche et l’auditoire est galvanisé. Valencia ? Non, ce n’est pas la Catalogne ! Il sait parfaitement captiver son auditoire. Ses idées sont simples, assenées avec des phrases courtes pour que chacun retienne bien la leçon : Être patriote, dissoudre les partis indépendantistes et renforcer les frontières du pays. L’Espagne doit rester une et indivisible !

A propos de l'auteur

Grégory Roose

Écrivain et éditorialiste. J'écris des nouvelles et des récits courts. Mes livres sont disponibles ici

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  • L’Espagne une et indivisible? Belle blague… une union n’existe que quant toutes les parties la désire et ce n’est clairement plus le cas en Catalogne. J’invite l’auteur à lire « indispensables frontières » de Thierry Baudet ; si les frontières et les états indépendants sont indispensables, leur existence dépend de la volonté du peuple : ils sont donc indispensables, mais pas immuables. Cela fait dix ans que les bêtises du PP ont transformés l’autonomisme catalan (qui plafonnait à 15 %)

  • suite: en indépendantisme à 50 %. Et avec leur stupide (stupide car inutile) répression du referendum et l’emprisonnement des chefs de l’indépendantisme l’ayant organisé, ils ont rendu ce mouvement irréversible. Vox fera pire… l’unité espagnole appartient au passé ; c’est un fait, pas un voeu. Personne dans les journaux français ne semblese souvenir qu’il a existé un état catalan souverain associé à l’Aragon et à la Castille jusqu’en 1714, avant d’être annexé par les Bourbons.

  • suite bis: associé, pas simple région! La Catalogne avait son parlement, ses lois et même sa diplomatie! ce n’était pas une simple autonomie régionale… Cela pouvait être réactivé, l’occasion a été manquée, car le PP a instrumentalisé cette question pour faire oublier son incompétence et sa corruption ; idem pour le PSOE. Le PP, il y a une décennie, a saboté par la voie judiciaire l’accord entre Catalogne et Espagne, qui avait duré des années de négociations, sur l’autonomie fiscale et dans

  • fin: l’éducation. Pour des millions de catalans, qui croyaient encore fermement en l’automisme, le message fut clair: Madrid nous méprisera toujours, on ne peut pas discuter… et l’indépendantisme est devenu le courant politique le plus fort, à gauche comme à droite. Puis une couche supplémentaire avec la répression contre le referendum, avec un discours du roi (grand ami de celui d’Arabie)et des actes policiers bien plus brutaux contre les catalanistes que contre les islamistes… Vergonya !

  • […] L’Espagne, malgré ses trop nombreux partis politiques, a décidé de reprendre le pouvoir aux socialistes, obtenu grâce au caca nerveux de l’ancien leader de la droite qui s’est accroché aux branches du pouvoir jusqu’à la bêtise. Il lui faut maintenant repartir à la conquête des suffrages en s’aidant, s’il le faut, aux forces de la droite identitaire incarnée par la fusée montante de la politique espagnole, le parti VOX. […]

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