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2021 fut une année noire pour le carnaval si coloré de Dunkerque. Ce petit texte rend hommage à tous les carnavaleux orphelins de ce moment festif unique en son genre.
L’âme du Nord coulait, hier encore, dans ces rues exsangues. Je les contemple depuis le fantôme du kiosque à musique qui d’habitude protège le Corsaire de ses idoles. Le silence y règne et me fige d’amertume. Un vent humide s’engouffre dans les artères de la ville morte, attendant la Clique qui rien ne donne. Un passant grimé sous son triste clet’che attend la Bande, espérant entendre cette forêt des parapluies qui ne vient pas. Le triste veintche abandonne le masque lourd de l’espoir : le carnaval n’aura pas lieu.
De rares badauds se réconfortent d’un regard, d’un geste, d’une complainte partagée. Tous entendent les fifres résonner, les tambours cogner au rythme des cuivres, poussés par des premières lignes, submergés par une marée chantante. Gagnés par la solitude collective, ils constatent, impuissants, l’abandon de la Citadelle, le bal de l’oncle Cô, vide, l’écho amer de la rue Saint-Gilles.