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Le téléphone sonna. C’était le Général. Habituellement, ce genre d’appels annonçait du travail supplémentaire, s’accumulant sur les dossiers urgents et les affaires en retard. Sa voix était grave et posée, légèrement grésillante.
– Grégory ? Tu es occupé aujourd’hui ?
– Pas assez pour vous refuser un service, mon Général ! répondais-je avec malice. Le Général souriait à l’autre bout de la ligne.
– Bien bien. Rendez-vous à 11 heures sur le parvis de la Grande Arche. Tu passeras chercher le Commandant. Vous y irez ensemble. Tu sais, c’est pour la photo. Ça prendra 5 minutes !
En raccrochant, je souriais à mon tour. Je savais que j’en aurais pour une heure au bas mot, mais je profiterai de cette pause pour respirer entre deux dossiers. Le Commandant m’attendait dans son bureau, en tenue de cérémonie. Nous conversions régulièrement, toujours brièvement, surtout lors des repas organisés par Cédric chaque semaine, au 18e étage de la tour Pascal.
– Prêt ?
– Prêt !
Nous partîmes vers notre point de rendez-vous, échangeant quelques banalités amusantes. Le photographe nous enjoint à nous regrouper, une pancarte à la main, pour que tout le monde «entre dans le cadre». Nous partageâmes un sourire amusé.
Je regardais cet homme tenir cette pancarte ridicule avec le même dévouement qu’il l’aurait fait pour n’importe quelle mission. Pour lui, il n’existait aucune tâche subalterne. Il avait un destin, servir. Servir comme si sa vie en dépendait. Servir quitte à la perdre.
C’était la dernière fois que je le voyais. Il s’appelait Arnaud Beltrame.