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AufStehen, le retour de la gauche anti-immigration en Europe

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La chancelière Angela Merkel annonçait, en 2017, son intention d’accueillir 12 millions de migrants en Allemagne, après en avoir accueilli 2,2 millions en 2015.
Face à cette politique très favorable à l’immigration de masse et dans un contexte où les tensions entre Allemands et immigrés clandestins se durcissent, une responsable médiatique de la gauche allemande, présidente du groupe parlementaire Die Linke, avait annoncé cet été la création, ce 4 septembre 2018, d’Aufstehen, un parti de gauche opposé à l’immigration. 
Si cette nouvelle peut surprendre de prime abord, il s’agit pourtant d’un retour aux fondamentaux pour une gauche qui a longtemps fustigé le « travailleur immigré » avant de faire des immigrés sa base électorale, aux dépens de l’ouvrier que les vagues successives de désindustrialisation font, bien moins en Allemagne que dans le reste de l’Europe, progressivement disparaître.
Cette annonce n’est pas passée inaperçue malgré la torpeur du mois d’août. La création de ce parti aura un retentissement politique qui devrait se faire sentir durablement dans toute l’Europe, à l’approche d’un scrutin important pour l’avenir de l’Union européenne.

« Une frontière ouverte à tous, c’est naïf ».

Sahra Wagenknecht est membre de la cinquième force politique en Allemagne, le parti Die Linke («La Gauche»), fondé en 2005 par d’anciens communistes de l’ex-RDA et des dissidents de l’aile gauche des sociaux-démocrates (SPD). Les positions pragmatiques de cette quadragénaire allemande, née d’un père iranien, risquent de surprendre dans son camp mais aussi de séduire une partie de la droite allemande, opposée à l’immigration massive. « Une frontière ouverte à tous, c’est naïf. Ce n’est surtout pas une politique de gauche », assure-t-elle, arguant que les dépenses du gouvernement pour accueillir les migrants économiques « auraient pu aider beaucoup plus de nécessiteux en Allemagne ».
En durcissant les positions de gauche sur le droit d’asile en Allemagne, Sahra Wagenknecht à l’intention de contrer l’influence du parti de la droite conservatrice allemande, abusivement classé à l’extrême-droite par de nombreux médias, Alternative für Deutschland (AfD).
Selon le quotidien Tribune de Genève, Sahra Wagenknecht dit vouloir en finir avec la « bonne conscience de gauche sur la culture de l’accueil », et ces « responsables vivant loin des familles modestes qui se battent pour défendre leur part du gâteau ». Un discours qui est habituellement tenu par la droite dure et dont goûtent assez peu ses amis politiques. 
Alors qu’elle appelait déjà à limiter les quotas de « réfugiés » accueillis en Allemagne, la jeune femme a subi une agression publique, le 28 mai 2016, à Magdebourg, lors du congrès de son parti Die Linke. Un activiste de gauche, « antifasciste », avait violemment entarté la députée, tranquillement assise au premier rang.
Plus récemment, la députée allemande avait déclaré au quotidien allemand Die Welt (Le Monde) que « plus de migrants économiques, cela signifie plus de concurrence pour les bas salaires ». Des propos peu appréciés par les membres de son parti actuel, Die Linke, qui s’est officiellement désolidarisé de Sahra Wagenknecht et de ses positions anti-immigration.
Pourtant, ce qui peut apparaître comme un virement « à droite toutes », sur la question de l’immigration, est en réalité un retour aux sources pour la gauche qui s’est construite sur un sentiment de rejet vis-à-vis du travailleur immigré, à l’instar de la gauche française. 

La gauche est par nature anti-immigrationniste

Karl Marx voyait en l’immigration « l’armée de réserve du capitalisme ». À la fin du XIXe siècle, la France subissant la Grande Dépression entre 1873 et 1896, la gauche affichait alors un anti-immigrationnisme assumé, déplorant les dangers nationaux et les misères ouvrières que pouvait entraîner la présence des ouvriers étrangers. Cependant, elle n’a jamais appelé à la fermeture des frontières.
Le durcissement du discours « anti-immigration » de la Gauche est apparu dans les temps de crise plus intense. 
Alors qu’en France, le chômage explose au début des années 1930, des voix s’élèvent, pour réclamer l’expulsion des étrangers, allant jusqu’à demander la préférence nationale, rapporte Benoît Bréville dans Le Monde diplomatique.
Le socialiste Paul Ramadier propose, en 1931, de mettre un terme à l’immigration et de limiter à 10 % la proportion d’étrangers par entreprise. Plus tard, à la fin des années 1970, les communistes mettent explicitement en cause l’immigration dans les problèmes culturels et sociaux rencontrés dans les banlieues : « Tous ces déséquilibres, aggravés par les difficultés dues à la baisse du pouvoir d’achat, au chômage, à l’insécurité, rendent la cohabitation [entre Français et immigrés] difficile », écrit le journaliste Claude Cabanes, dans l’édition du 30 décembre 1980 de l’Humanité.
Dans son article, Benoît Bréville rappelle la déclaration de Georges Marchais, alors secrétaire général du Parti communiste, qui prononça le 6 janvier 1981, son désormais célèbre discours : il appelait à « stopper l’immigration officielle et clandestine » ajoutant qu’il était « inadmissible de laisser entrer de nouveaux travailleurs immigrés en France alors que notre pays compte près de deux millions de chômeurs, Français et immigrés. « 
Toujours selon le journaliste Benoît Bréville, c’est à cette date que les socialistes adoptent le discours d’opposition jadis employé par les communistes en prenant la défense de cette population de travailleurs immigrés. 
La gauche, en France comme en Europe, a abandonné l’ouvrier privé d’outil de travail en faveur de l’immigré, notamment maghrébin, dont elle a fait une victime par définition. « Je suis de gauche et je me bats contre le rejet des musulmans en France », affirmait Clémentine Autain au journal Libération, le 14 avril 2016. Cette déclaration est représentative d’une gauche à la dérive qui, ayant perdu son électorat travailleur, s’attache à défendre un opprimé idéalisé et construit de toute pièce qu’elle combattait pourtant naguère : l’Immigré (plus forcément travailleur).
Jack Dion a prononcé une belle phrase à ce sujet : « Les ouvriers sont les grands oubliés du gauchisme culturel qui domine l’univers médiatique ». La gauche a inexorablement glissé vers le gauchisme. Gauchisme politique qui a alimenté et entretenu un gauchisme culturel devenu à son tour la base électorale et l’organe d’influence au service du gauchisme politique. La boucle était bouclée. 
La création de ce parti anti-immigration en Allemagne est donc un retour aux fondamentaux de la gauche. J’y vois un espoir pour la pérennité de notre civilisation européenne.

La gauche allemande chasse-t-elle sur les terres de l’extrême droite ?

C’est la question que se pose légitimement TV5 Monde, sans pour autant y apporter de réponse. 
Je pense qu’au contraire, la naissance de ce parti va décristalliser les tensions autour de la question de l’immigration, rendre le débat moins hystérique entre une gauche pro-immigration et une droite anti-immigration.
La possibilité qu’une majorité de l’échiquier politique allemand s’accorde sur la nécessité de mettre un terme à la folie immigrationniste en Allemagne représente un grand espoir pour ce pays comme pour le reste de l’Europe. 
Grégory ROOSE

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