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La révolte des «Gilets jaunes» ne fait que commencer

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Le mouvement des gilets jaunes est surprenant à plusieurs titres. D’abord parce qu’il réussit, là où la majorité des organisations politiques et syndicales échouent à rassembler massivement des Français de tous horizons politiques autour d’un combat commun. Ensuite parce que ce mouvement est né de manière quasi-spontanée, sur les réseaux sociaux, et n’a été relayé que tardivement par une partie de la classe politique, ce qui lui a valu un procès en « récupération » de la part des réfractaires à ce mouvement, et que certains journalistes de gauche n’hésitent pas à qualifier, sans demi-mesure, de manifestation de « beaufs largement d’extrême-droite » que le Gouvernement a balayé d’un revers de main.

Cet auto-embrasement populaire n’est pas sans rappeler mai 1968 pour certains, mais sa genèse, le contexte et ses motivations sont bien différents. Il me semble plus juste de comparer ce mouvement naissant, dont j’imagine qu’il perdurera au-delà du 17 novembre 2018, aux Jacqueries de l’Ancien régime qui étaient des soulèvement populaires le plus souvent en réaction à une oppression fiscale devenue insupportable.

Élites discréditées,pression fiscale, mépris du peuple

La Grande Jacquerie est un soulèvement paysan survenu en 1358 dans les campagnes d’Île-de-France, de Picardie, de Champagne, d’Artois et de Normandie, lors de la guerre de Cent Ans dans un contexte de crise politique, militaire et sociale. Cette révolte tire son nom de Jacques Bonhomme, figure anonyme du vilain, puis sobriquet désignant le paysan français, probablement du fait du port de vestes courtes, dites jacques. Elle eut pour chef un dénommé Guillaume Carle.

Cette révolte est à l’origine du terme « jacquerie » repris pour désigner toutes sortes de soulèvements populaires. C’est aujourd’hui à une jacquerie bien française à laquelle nous assistons. Des centaines de milliers de Français, pour la plupart modestes mais travailleurs, manifestent leur raz-le-bol face à une élite déconnectée de leur quotidien et discréditée à leurs yeux, une pression fiscale qui oppresse les bas salaires, une société d’iniquité qui favorise toujours l’Autre avant de s’investir sur l’amélioration du pouvoir d’achat des Français. Et que font les élites ? Elles toisent, elles répriment, elles dénigrent et tournent en dérision, jouant la montre pour que le mouvement s’essouffle. Le malaise est pourtant bien palpable et le Gouvernement devra en prendre toute la mesure avant que la situation ne dégénère.

Plus de 3 000 manifestations en France

Contrairement aux déclarations de certains membres du Gouvernement, l’opération Gilets jaunes et une réussite du point de vue de la mobilisation, ce qui devrait appeler toute l’attention de ceux qui nous gouvernent. La majorité des manifestations des gilets jaunes du 17 novembre n’ont pas été déclarées aux autorités, car une grande partie des 3 200 rassemblements organisés spontanément dans tout le pays avaient été appuyés par plus de 282 700 participants selon les chiffres officiels et près d’un million de manifestants selon un syndicat de policiers. Au total, le ministère de l’Intérieur a procédé à 117 arrestations au cours de ces manifestations, dont 73 ont été placées en garde à vue. La femme qui a écrasé une manifestante de 62 ans, provoquant son décès, a été mise en examen.

manifestation de milliers de gilets jaunes a dijon

Au-delà des axes de circulation, certaines stations d’essence et l’accès au péage sur les autoroutes ont également été bloqués et la police a dû intervenir en lançant des gaz lacrymogènes comme en Haute-Savoie. La plupart des manifestations étant spontanées le contrôle par la police difficile a été rendu difficile.

Qui sont les  » gilets jaunes  » ?

Le mouvement, qui a étendu son champ de revendications à la pression fiscale en général et qui est étranger aux partis et aux syndicats, est un nouvel avertissement pour l’exécutif d’Emmanuel Macron qui a décidé de maintenir l’augmentation des taxes sur les carburants afin de promouvoir la transition énergétique.

Le problème est que de nombreux «gilets jaunes» vivent dans des zones urbaines ou rurales éloignées des grandes agglomérations et la voiture constitue leur seul moyen de transport pour se rendre sur ton lieu de travail, faire ses courses, etc. Ce mouvement, dont le nom fait référence au vêtement fluorescent qui doit obligatoirement être porté à l’intérieur des véhicules, bénéficie d’un soutien massif de la population française de 74%, selon une enquête publiée vendredi.

Au cours des manifestations, les manifestants ont exigé la démission de Macron, qu’ils accusent de ne s’inquiéter que de l’élite et de laisser les classes moyennes à leur sort. « Mes filles, enseignantes, parcourent 83 km par jour et leurs dépenses en essence vont augmenter de 60 euros par mois », a déploré François, un retraité qui a exprimé sa solidarité avec ce que vivent beaucoup de ses concitoyens.

Hausse de la taxe sur les carburants maintenue

Avec des recettes de 33,8 milliards d’euros attendues pour 2018, la taxe sur les hydrocarbures ou TICPE est la quatrième plus importante source de recettes fiscales pour l’État français, derrière la TVA, les impôts sur les bénéfices et les sociétés. La valeur de la TICPE devrait augmenter chaque année jusqu’en 2022, avec 3 700 millions supplémentaires, selon le gouvernement.

Cette augmentation est liée au prétendu plan de transition énergétique avec lequel la France veut éliminer la dépendance de l’économie vis-à-vis des combustibles fossiles, ainsi que promouvoir le développement des énergies renouvelables.

Le problème, c’est que tout le monde n’a pas les moyens d’acheter un véhicule électrique ou non-polluant, même d’occasion. Des millions de Français qui pourtant travaillent, n’ont pas suffisamment de moyens pour emmener leurs gamins au cinéma une fois par mois, de leur payer une séance de sport hebdomadaire ou de la nourriture variée et équilibrée.

Les Français sont peut-être des veaux. Mais quand on les emmènent à l’abattoir, ils se rebellent. Ça va faire mal.

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aurora.info

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