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A quand la providence ? (1ère partie)

A

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C’est, paraît-il, une spécialité bien française que de chercher, et assez souvent de trouver, lorsque le besoin impérieux s’en fait sentir, le personnage qui sauvera la France du marasme, de l’invasion, voire du naufrage.

Le panégyrique serait fort long, c’est pourquoi nous nous limiterons à de vraies figures providentielles de notre Histoire, mais toutes intensément porteuses d’une passion et d’une espérance chevillées au corps et à l’âme, d’une croyance en leur destin pour le bien commun.

On pourrait commencer ce périple à travers les deux derniers siècles, par Vercingétorix, heureusement dénommé ainsi prémonitoirement « Grand roi des guerriers », qui tenta en -52 de restaurer l’autorité du Brenn et pour ce faire suscita le soulèvement général du peuple de Gaule contre l’occupant romain.
Cela se finira héroïquement à Alesia, après être passé à deux doigts de la victoire libératrice, où, pour garantir une paix honorable de cinq siècles, il se rendit bravement à Jules César et à l’Empire de Rome.

Notons ensuite la prenante aventure de Clovis, modeste roitelet des Francs Saliens (481), un terroir connu comme une des parcelles germaniques issues de la chute de l’Empire romain d’Occident rassemblant l’actuel Nord de la France et la grande Belgique et qui, partant de là, conquit l’ensemble d’un territoire allant de la Saxe aux Pyrénées.
On connaît sûrement tous les épisodes du vase de Soissons, du pavois, et de son baptême (brûle ce que tu as adoré et la sainte Ampoule). Encore fallait-il, en ces jours lointains, aller très au-delà en croyant profondément être une sorte d’incarnation, sacrée (thaumaturge) et divine (choisie par Dieu), pour recevoir le titre de Rexum Francorum (roi des Francs) et accomplir, en vingt ans, la destinée fondatrice d’un royaume qui dura treize siècles.

Les choses furent un peu plus aisées pour Charles Martel, après avoir été reconnu maire du palais, puisqu’il eut principalement à se battre sur le terrain, d’abord contre les Saxons, Neustriens, Bavarois et autres Frisons, puis contre les envahisseurs sarrasins, jusqu’à les arrêter définitivement à Poitiers en 732, faisant ainsi naître à la fois une dynastie, les Carolingiens (dont il est la racine), et une nation-royaume, stable et pérenne, la Francie presque moderne.
Quelle grandeur d’âme et quelle force de caractère lui fallut-il pour bâtir les fondations d’un État libre car vainqueur, et pousser jusqu’à la porte les bonasses mais perfides Mérovingiens ! Héros controversé par nos élites, puisque figure emblématique de notre roman national, il n’est qu’à lire « la matière de France » (épopée écrite de l’époque), pour se rendre compte de l’influence exceptionnelle de ce puissant chef de guerre comme de ce subtil grand organisateur, à qui l’on doit notamment l’usage de la langue française naissante.

Vint par la suite, son petit-fils, Carolus Magnus, dit Charlemagne, après le règne exemplaire de son père, Pépin le Bref, devenu en tant que protecteur de toute la chrétienté continentale (de l’Elbe au Danube et du Bénévent à l‘Elbe), à Noël 800, le premier empereur d’Occident du Moyen Âge.
En grand activateur, il sut comprendre l’évolution que les besoins sociaux et politiques imposaient à son temps. Voilà pourquoi il s’est fait le parfait instrument de développement des tendances nouvelles de son époque, déjà en germe mais non affirmées, entre le pouvoir royal et celui de l’Église.
On lui doit notamment la frappe d’une monnaie d’argent (le denier) remplaçante de l’or, inaccessible au vulgum pecus et ainsi plus favorable aux échanges, l’émancipation des esclaves, transformés en serfs au statut moins aliénant et, avant tout, d’être le diffuseur de l’écrit comme moyen de connaissance (académie palatine).

Il fut aussi le soutien du renovatio, le premier mouvement de renouveau en Occident, qui prit le nom de renaissance carolingienne, typiquement d’inspiration ecclésiastique et chrétienne, basée sur les Anciens comme modèles de style et sur l’essor du monachisme (conservation des connaissances latines et grecques). Il fut surtout le bâtisseur de très nombreuses cathédrales, partout dans l’Empire.
L’affirmation de sa marque indélébile sur toute l’Europe fut l’essence du combat quasi millénaire entre le Saint Empire romain germanique, qui couronna ses empereurs jusqu’en 1536, à Aix-la-Chapelle, et la dynastie capétienne, notamment par les objets de Charlemagne (l’épée joyeuse, les éperons d’or, l’échiquier d’ivoire) faisant partie du Trésor Royal et remis au nouveau roi lors de son couronnement.

L’empreinte de Charlemagne sur l’histoire de France perdurera, l’homme devenant le symbole de l’impérialisme français. En ce sens, il fit des émules, comme ce fut le cas de Napoléon Ier, grand admirateur de Charlemagne et futur empereur, qui rêva longtemps de reconstituer le grand Empire carolingien.

Autre figure remarquable, Hugues Capet, héritier de la lignée des Robertiens, mais aussi descendant d’un Carolingien, Bernard, roi d’Italie, petit-fils de Charlemagne.
Il fut le premier Rex Francorum (987), roi des Francs (les hommes libres), à ne plus utiliser le germanique au profit de l’ancien français.
Il fut aussi le « bâtisseur » du domaine royal, d’abord moqué par ses grands vassaux, plus riches et puissants. Hugues capet imposa l’indépendance de la Francia Occidentalis, définitivement séparée du Saint-Empire.

Son règne restera celui d’une très grande période de paix et de prospérité. Ce simple duc, à la force de volonté exemplaire, devint, grâce à celle-ci, le fondateur d’une dynastie qui perdure encore de nos jours en plusieurs points d’Europe.
Ainsi, malgré des débuts difficiles, Hugues Capet, apposa à tous, fait extrêmement rare, sa marque de manière séculaire.

Philippe Auguste, qui régna à l’époque médiévale, apparaît comme l’un des monarques les plus admirés de l’histoire de France. Sa notoriété lui vient non seulement de son très long règne, mais aussi et surtout de ses nombreuses victoires militaires, comme la bataille de Bouvines, qu’il emporta contre l’effrayante et impériale coalition.

Devenu roi à quinze ans, Philippus dei Gratia Francorum Rex, puis, par sa volonté, le premier Rex Franciæ (roi de France), fut le véritable inventeur de la nation française et il fut aussi le premier à recourir à l’emblème de la fleur de lys, dans les armoiries royales (écu d’azur semé de fleurs de lys d’or) sur ses armes. Philippe Auguste reste l’un des plus solides grands hommes, donnés par la Providence, à notre anamnèse collective.

Négociateur hors pair, chanceux éblouissant dans les combats, jouant perpétuellement des rivalités, il se vit souvent remettre par accords les hommages de ses vassaux, et aussi leur soumission par la force, quand il le fallait. Celui qui s’écria, contre Richard Cœur de Lion, « Je ne fuirai pas devant mon vassal », finit par obtenir toutes les possessions françaises des Plantagenêt.
Son rêve de ramener dans le domaine royal, notamment l’Aquitaine, de sa mère Aliénor, et l’Anjou, de ses aïeux, se concrétisa avec le traité de Chinon, en 1214. Il s’ensuivit une prospérité bien établie. Philippe en profita pour remodeler l’administration en s’échappant du morcellement, défaut majeur de la féodalité ; il établit en son nom des prévôts, sénéchaux et baillis qui avaient charge de le représenter.

La Philippide, chronique épique à sa gloire, renforça l’idéologie royale dans un réel enthousiasme populaire. Pendant son règne, Philippe Auguste devint aussi le protecteur de Paris, qu’il fit paver et clôturer d’une enceinte. Il dota la ville d’une université et fit démarrer la construction de la cathédrale Notre-Dame.

Le roi meurt en 1229, en laissant une France robustement agrandie des deux-tiers, et une ferme couronne. Suzerain loyal et honnête, il est indubitablement l’initiateur inspiré de l’État en France.

L’évocation du connétable Bertran (ou Bertrand) du Guesclin, né dans le pays Gallo, fils aîné de dix enfants d’un seigneur de la petite noblesse bretonne s’impose ici.

Le jeune homme se fit remarquer, à dix-sept ans, dans un tournoi, place des Lices, où il vainquit une quinzaine de chevaliers. Puis, il participa à la Guerre de Succession de Bretagne dans le camp de Charles de Blois, pendant laquelle il fut surnommé « le Dogue noir de Brocéliande ». Pourtant vaincu à Auray, malgré une grande bravoure, il devint, par la grâce du grand maître de l’Hôtel du roi, Pierre de Villiers, d’abord capitaine du Mont Saint-Michel, puis lieutenant de Normandie, d’Anjou et du Maine.

En 1365, il part en Espagne, à la demande de son roi, rejoindre Henri de Trastamare (futur Henri II de Castille). Revenu en France en 1370, il est fait connétable de France, par Charles V. Il entreprend alors de chasser les Anglais du continent. C’est le début de la guerre de Cent Ans.
Pour réussir, il invente la guerre d’embuscades, où anticipant les actions des commandos modernes, il dirige une petite troupe mobile et souple. Cette stratégie se révèle payante, et il gagne presque entièrement la Normandie, la Guyenne, la Saintonge et le Poitou.
Il meurt de fièvre après avoir consommé de l’eau glacée, pendant la campagne de 1380, contre les Grandes compagnies en Auvergne. Fait rarissime, le roi de France fait déposer son corps et ériger son gisant en la basilique royale de Saint-Denis.

Quel bel exemple pour la postérité, et quelle manifestation de la Providence, que de petit nobliau de province, Bertran du Guesclin se soit hissé en « Bon Connétable » à la tête auréolée de l’armée de France.

Nous en venons immanquablement à la Pucelle d’Orléans, Jeanne d’Arc, tout officiellement « mère de la nation française », cette patrie dont nous sommes si fiers encore aujourd’hui.
Née dans la bourgade de Domrémy, en 1412, la petite paysanne lorraine devint, bien plus que ne le veut la légende, le Chef de Guerre de chair et d’os du royaume de France, qui parviendra à conduire au couronnement, à Reims, en 1429, le roi Charles VII, amorçant ainsi la fin de la guerre de Cent Ans.

Voici celle qui fut la première de toute l’histoire à prononcer le mot devenu « indestructible », patrie, en s’adressant à l’isolé Valois, alors seulement « roi de Bourges » :
« Gentil Sire, mettez-moi à l’épreuve et la patrie en sera tantôt allégée ».

Que la Providence, osons dire une fois de plus, mette derechef sur notre chemin presque déliquescent de ce début de XXIe siècle, mêmement une forte et belle jeune femme. Lui restera à se parer de l’épée retrouvée de Charles Martel, possiblement sous un autel dédié à Sainte-Catherine, d’un étendard brodé d’or, qui de fleurs de lys ou de faisceaux républicains, et portant la phrase « Par le Dieu du Ciel » (terme galvanisant, énonçable par la foi de chacun) et qui partira à l’assaut en disant haut et fort « Au nom de Dieu, j’irai, et qui m’aime me suivra ».

Ne reste plus d’elle, général de dix-sept ans libérant son territoire originel du joug d’un occupant machiavélique, que son Anneau, dûment exposé de nos jours en terre chouanne. Puisse ce symbole emblématique insuffler par sa présence l’alcide sentiment de l’identité de nos pays rassemblés en cette nation d’équilibre et de cohésion qui existe, depuis des siècles, au bout de nos songes, notre France.

Et Gloire à toi, Jeanne…

Michel Duroc

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aurora.info

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