HISTOIRE: Venise, les secrets de sa puissance et de sa longévité

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On prend souvent les grands empires en exemple (l’Empire égyptien, romain, mongol, russe, ottoman, napoléonien, germanique, britannique…) comme modèles de stabilité et d’âge d’or. Mais il en a existé un autre, souvent oublié, peut-être le plus grand de par sa durée, son système politique et sa puissance ; je vous parle de la Sérénissime République de Venise. Une ville-État qui dura sans interruption de 697 à 1797.

Cette république oligarchique et aristocratique résista plus de mille ans à la fureur du monde. Comment ce prodige fut-il possible ? Un régime rare à l’époque, car on parle bien ici de république, et une durée digne des contes qu’on raconte aux enfants.

Des frontières naturelles

Elles étaient quasi infranchissables, pourtant sans connaissance fine du « terrain » : la lagune était un labyrinthe de méandres impossibles à franchir pour les bateaux ennemis. Les pécheurs, futurs Vénitiens, avaient choisi cette terre hostile mais sûre pour fuir les barbares qui les massacraient périodiquement. Les cartes pour pénétrer dans la lagune étaient un secret d’État gardé jalousement et toute trahison était punie de la peine de mort. Une ville tellement sûre de sa puissance que son palais des Doges n’est en rien fortifié comme à Florence, par exemple, mais offre au visiteur la légèreté provocante d’une dentelle de marbre.

Une indépendance politique farouche

Venise s’est faite seule et ne voulut dépendre de personne. Le Doge jure sur l’Évangile, à partir de 1171, de ne pas avoir de correspondance personnelle avec le pape et les princes, de faire appliquer les décisions des conseils.

Des instances politiques, financières et administratives très contrôlées, élues par tirage au sort pour un mandat très bref. Le Doge lui-même n’est pas à l’abri des foudres des institutions. En 1171, Venise décapita son Doge, Vitale Michele, qui échoua lors d’une opération militaire et ne voulut point assumer la défaite.
Dans sa promesse ducale, le Doge jure d’observer les devoirs de sa charge : faire exécuter les lois sans fraude ni arbitraire, rendre en conscience les sentences après avoir entendu la loi et les juges, n’accepter ni dons ni faveurs.

L’expansion de « l’Empire » par une diplomatie et de l’audace militaire

Venise a pris petit à petit le contrôle de la mer Adriatique en éliminant les pirates, puis d’une partie de la Méditerranée en repoussant les Turcs.

« Le coup de poker » de la quatrième croisade

Le pape Innocent III pousse les chrétiens à reconquérir Jérusalem. Venise s’était engagée à fournir les bateaux pour la Terre sainte pour 4 500 chevaux et chevaliers, 9 000 écuyers et 20 000 fantassins ! Les chevaliers francs, incapables de payer Venise, acceptèrent de détourner la croisade, pour libérer Jérusalem, sur Constantinople et mettre la ville à sac. La fortune de Venise était faite pour deux siècles !

Une monnaie indépendante et hégémonique

Le ducat vénitien, 3,56 grammes d’or frappé de saint Marc et du Doge devint l’étalon du bassin méditerranéen.

Un patriotisme sans faille 

Venise était consciente de sa puissance et de sa splendeur ; elle pavoisait et pavoise toujours fièrement ses bateaux et ses édifices de son drapeau si particulier : le lion ailé de saint Marc, un livre sous une patte en temps de paix, un glaive en l’air en temps de guerre !

Elle parle encore aujourd’hui sa langue (le dialecte vénitien), elle célèbre ses traditions millénaires (fêtes du Redentore, la Vogalonga , fête de la Sensa -les épousailles de Venise avec la mer- fête de la Salute, la Regata Storica).

Des leçons à tirer de l’Histoire

Nous devrions tirer les leçons de l’histoire, de ce qui fait la puissance et la prospérité d’un peuple, son bonheur aussi. Un État, même minuscule, peut prospérer et résister au chaos du monde ; les conditions sont connues : des frontières, une armée, une monnaie, une diplomatie indépendante, de l’audace, des dirigeants exemplaires et qui doivent rendre des comptes et surtout un attachement viscéral à sa patrie et à son histoire.
Venise s’est relâchée une fois, elle a donné les clefs de la ville à Napoléon ; l’Aigle a terrassé le Lion sans combattre ! Elle y a perdu sa liberté et une partie de son âme ; mais cela est une autre histoire.

Jérôme Buisson

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