Le fritier et les trois kébabiers

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Un souvenir a resurgi, hier, pendant cet instant trouble et fécond où notre corps s’abandonne à Morphée. Il y a quelques années, j’ai été le témoin passif (je m’en confesse) d’une scène sur un boulevard lillois qui s’apprêtait à accueillir sa célèbre braderie annuelle, la plus grande d’Europe, dit-on. Jusque dans les années 1990, cette braderie était le lieu de rencontre d’authentiques bradeux* de Lille et de toute la région. L’ambiance y était festive, familiale et conviviale. Mais depuis quelques années, la tension est grandissante dans certaines artères de la ville et le plaisir de chiner fait souvent place à l’angoisse d’être cholé**.

La scène se passe dans les années 2000. Je m’étais rendu assez tôt sur les lieux pour assister aux préparatifs de cette gigantesque braderie, n’appréciant que très modérément devoir me frayer un chemin dans la sueur moite et pestilentielle de la foule des grands jours. Devant moi s’installaient les marchands, parmi lesquels trois kébabiers exhibant leurs amas de viandes compressées et prêtes-à-vomir. Ils s’échangeaient grossièrement, d’un bout à l’autre de la chaussée, d’apparentes invectives dans une langue que je ne comprenais pas, visiblement indifférents aux usages civilisés de leur pays d’accueil. L’arrivée d’un homme Blanc, la trentaine, à bord de sa traditionnelle baraque à frites***, interrompit cette petite scène banalement angoissante. Le fritier se gara sur l’emplacement qui lui avait été réservé et, sans avoir eu le temps de sortir de sa camionnette, fut violemment pris à partie par les trois kébabiers qui ne voulaient clairement pas de sa présence à leurs côtés. Les trois vendeurs de viande avariée s’avancèrent vers le fritier pour l’empêcher de manœuvrer, le repoussant à coups de «casse-toi », « qu’est-ce que tu viens faire ici ?», « tu vois pas que tu gênes là ? ».

Agacé par tant d’hostilité, j’ai d’abord chercher une explication rationnelle en contrepoids à ce que j’avais intuitivement compris. J’ai donc supposé que ces trois commerçants ne souhaitaient pas davantage de concurrence dans un si petit espace, puis me souvint que la braderie de Lille accueillait chaque année entre deux et trois millions de visiteurs. On eut pu installer à cet endroit dix camionnettes que le chiffre d’affaires de chaque commerçant ne s’en serait pas vu fortement affecté. Il semblait donc y avoir d’autres explications de ce violent accueil que les trois kébabiers avaient réservés au malheureux fritier.

L’explication m’apparut sans avoir à la chercher bien longtemps. Le fritier récalcitrant refusait de partir, ce qui était son droit le plus strict, à double titre. D’abord parce qu’un emplacement lui avait été réglementairement attribué, ensuite et surtout parce qu’il était chez lui, contrairement à ses agresseurs. Devant ce refus de céder, les trois kébabiers, laissant soudainement leurs différends de côté, se liguèrent pour engager un tir nourri d’insultes à l’endroit du fritier, parmi lesquelles la très révélatrice qualification de « Français » par ses agresseurs qui lui reprochaient en substance d’envahir leur territoire avec « sa bouffe de merde ». Les kébabiers devinrent violents, menaçant physiquement le Nordiste qui n’était manifestement plus chez lui. Ce dernier repartit sans rien dire, sans doute choqué par cette expérience.

Je pense que cette scène constitue une parfaite allégorie de ce que nous vivons en France et en Europe. Un Occupant arrogant, grégaire et belliqueux, protégé par la doxa et par notre tolérance coupable. Un peuple occupé, isolé, individualiste et désarmé, surveillé par la doxa et puni par elle à la moindre contestation. La négation du racisme anti-Blanc, anti-Français conduisant au Francocide nié par la classe médiatico-politique. Une invasion tranquille, encouragée sinon organisée. Une révolte qui couve, mais qui jamais ne survient. Un envahisseur qui prend confiance, s’installe et revendique. Un peuple indigène qui renonce sous la force du nombre. Un pays qui sombre. Un peuple qui s’éteint, une France à genoux. Sans changement, quelque chose sommeille en nous et s’éveille rarement. Le dormeur doit se réveiller.


* bradeux (fam.) : amateur de braderies

** cholé : du patois picard choler signifiant bousculer, chahuter.

*** baraque à frites : friterie, parfois mobile, appelée ainsi en Belgique et dans le Nord de la France.

A propos de l'auteur

Grégory Roose

Écrivain et éditorialiste. J'écris aussi des nouvelles pour la Furia, des éditos pour Valeurs actuelles et des analyses pour Livre noir.
Retrouvez tous mes livres aux éditions La Nouvelle librairie et Ad
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commentaires

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  • Nous sommes hélas (trop) nombreux à avoir soit vu soit vécu des situations analogues…
    Mais la bien-pensance est aveugle et sourde à ce que vivent les français depuis maintenant (trop) longtemps !

  • oui, allégorie parfaite de ce qu’on nous fait subir… Mais le jour (si proche) où les envahisseurs seront plus nombreux que les envahis et qu’ils vont appliquer les règles imposées par leur « belle » religion dans leurs pays d’origine (si merveilleux qu’ils n’ont pas hésité à les quitter), ils vont peut-être regretter tous ces mécréants qui cotisaient pour eux…

Grégory Roose

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