Le droit à l’oubli pour Bertrand Cantat ?

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La justice a de nouveau ouvert l’enquête sur la mort de son ex-femme, Krisztina Rady, qui s’est suicidée en janvier 2010. Le chanteur est soupçonné d’être l’auteur de violences physiques et de pressions psychologiques sur celle qui l’avait pourtant soutenu lors de son procès après la mort de l’actrice Marie Trintignant, tombée sous ses coups en juillet 2003.

Cette nouvelle affaire met en lumière le débat autour du droit à l’oubli pour Bertrand Cantat, régulièrement opposé à son devoir de décence envers les femmes victimes de violences conjugales.

Pour avoir « accidentellement » fracassé le crâne de sa compagne contre un radiateur, Bertrand Cantat a été condamné en mars 2004 à huit ans de prison ferme. Il bénéficiera rapidement d’une liberté conditionnelle et ne sera donc resté que 3 ans sous les verrous.

« Il a payé sa dette, qu’on le laisse tranquille » peut-on lire en commentaire sur les réseaux sociaux.

Si l’on peut admettre qu’il a payé sa dette envers la société pour avoir purgé sa peine, il restera à jamais redevable d’une dette sociétale qui devrait le mettre en retrait définitif de la scène médiatico-culturelle.

Pourtant, Bertrand Cantat est régulièrement invité dans toute la France à chanter, lire, se mettre en scène. Au nom du droit à l’oubli, on invite partout celui que l’on présente comme un écorché vif, comme la victime collatérale de ses propres désordres affectifs semant la mort autour de lui.

Cette posture assez indécente devient dès lors inepte à la lumière des assassinats médiatiques dont sont victimes ceux qui ont eu l’outrecuidance de parler trop fort ou trop mal. Ceux-là sont promis à une interminable traversée du désert, à devenir des parias qu’il est préférable d’éviter pour se protéger d’un sort aussi funeste.

D’aucuns ont récemment été condamnés à la mort médiatique par indignation pour une blague grasse et machiste. D’autres l’ont été sur simple accusation, sans même attendre la tenue d’un procès équitable, pour des (forts) soupçons de goujaterie sexuelle.

Ce qui laisse cependant perplexe, c’est qu’à l’heure du néo-féminisme décomplexé qui voit dans la pilosité abondante et ostentatoire un vecteur de libération de la femme oppressée par le « mâle blanc », la présence régulière de Bertrand Cantat dans diverses manifestations ne rencontre qu’une faible opposition, bien que celle-ci monte en puissance.

Bertrand Cantat, qui a provoqué la mort de sa compagne est maintenant soupçonné d’avoir une responsabilité dans le suicide de son ex-femme. A-t-il le « droit à l’oubli », de monter sur scène comme si rien ne s’était passé ? Le droit d’être oublié, sans aucun doute. Le droit à l’oubli, assurément pas.

Il a tué une femme de ses mains. Il a peut-être tué une autre femme par ses mots. Ceux qui continuent à inviter cet artiste à des manifestations culturelles sont les prosélytes inconscients d’un machisme meurtrier.

A propos de l'auteur

Grégory Roose

Écrivain et éditorialiste. J'écris des nouvelles et des récits courts. Mes livres sont disponibles ici

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